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"je suis là pour la nuit" notes et images de mise en scène "Au cours de l'année 2002, Etienne Delmas, l'auteur de "je suis là pour la nuit", entre par deux fois à l'hôpital, en chambre stérile, pour une greffe de la moelle osseuse. Durant ces journées particulières, le contact avec le monde extérieur reste cantonné à des messages quotidiens et à quelques visites volontairement rares, et quoiqu'il en soit, limitées par une vitre. C'est une sorte d'entrée à la "Trappe" où d'ailleurs le premier geste adressé au malade consiste à lui raser la tête et le dépouiller de ses vêtements. A travers les sensations fortes imposées au corps malmené par un traitement salvateur mais tyrannique, l'auteur nous embarque dans une exploration méticuleuse et souvent initiatique du corps pour un temps transformé. C'est donc à partir de ses propres réflexions ainsi que de ses messages envoyés durant cette période que va naître cette écriture théâtrale pour un "presque monologue". C'est une exploration des effets de la maladie et des soins sans rien de morbide, une simple appréhension par les sens. La tête s'en remet au corps. C'est lui, le corps, le grand décideur, il travaille à le guérison, il impose ses règles au point que perte d'odeur corporelle induit perte d'identité. Le cerveau, lui, reste vigilant et même véloce quand bien même il n'agit plus vraiment sur le corps. L'acteur serait donc un peu le cerveau détaché de notre héros de chiffon ; un peu dans l'état présumé d'une décorporation, l'esprit léger, agile, restant témoin d'un corps que la vie semble avoir délaissé. C'est un huis-clos clinique à aborder comme un événement prêt à bousculer les lieux communs de la maladie pour traquer la mort au plus profond d'un corps qui revient à la vie. Je tiens à dire le plaisir tout particulier qu'il y a à travailler avec un auteur vivant. Doublement devrais-je dire ! Lorsqu'on sait quel pont fragile il a traversé dune mort annoncée au retour à la vie. Quel plaisir donc à affiner l'approche théâtrale d'un tel texte surtout quand l'auteur accepte les "polissages" qu'imposent la réalité du théâtre, de ses répétitions, et de l'expression vivante du jeu. Sylvie Cleyet, metteure en scène Benoît Olivier mis en scène par Sylvie Cleyet photos Hervé Frumy
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