Un homme
arrive en chambre stérile. On ne sait rien de lui, sauf qu’il est là,
de chair et d’esprit, en face de sa maladie, à discourir au micro
d’un enregistreur : parler pour remplir l’espace-temps dissout par
l’isolement, par l’absence et par l’attente...
Au début, la conscience fuse, se débat, s’agrippe aux regards des
infirmières pour sentir l’autre et son humanité, résister aux maux du
corps, s’accrocher au réel, contrer la mort, même toute proche…
Puis, l’homme succombe à la passivité, dérive par quelques déambulations
chimériques, s’échappe dans le souvenir. Il se résigne, enfin ;
l’homme capitule devant la maladie quand il n’arrive plus à se
reconnaître lui-même. Étranger, en somme, à son propre corps.
Ce monologue d’Etienne Delmas est le combat d’un homme, de la
conscience face au corps, de la sensation du réel face au vide ; le récit
des tumultes de l’aphasie et de la langueur ; le récit d’un homme démuni
qui sombre dans le rien pour renaître enfin, âme et corps réunis.
Fabuleux !
"je suis là pour la nuit", Etienne Delmas, CASTELLS, 2006
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